HistoireTW : Viol, meurtre, séquestration, violence
La Maison Saule-Heil – petite noblesse ayant fusionnée, quelques générations auparavant, héritière des maison Saule et Heil. Famille de commerçant – presque d’arnaqueur, même.

La mère de Sélène est la cadette de la génération ; C’est une femme instable, changeante, à la santé mentale rapidement défaillante. Mais comme toutes les femmes de la noblesse, elle doit se marier, avoir des enfants. Pourtant, au fond d’elle, elle se sent insatisfaite. Elle a besoin d’autre chose- mais de quoi ? Alors elle collectionne tout ce qui à de la valeur : bijoux, tableaux, espèces animales rares …

Après sa première grossesse, elle montre déjà de fort signe de dépression, de démence – pour quitter un peu la capitale, lui permettre de changer d’air, la famille déménage à Alberich, s’offre un manoir un peu vétuste, mais bien mieux que la plupart des autres habitations de la ville.

Puis, c’est le déclic. La mère de famille est amoureuse de cet air marin, de la mer semblant absorbée tous ses soucis, tout le vide qui l’habite. Des nourrices s’occupent de ses deux enfants, parce que la noble passe son temps à observer l’infini de l’eau. Et un jour, elle les croise ; ces êtres somptueux, n’ayant rien de la maladresse des humains. Respirant de grâce, d’élégance.

Les sirènes accaparent désormais son esprit malsain. Elle les désire, mais d’une façon maladive : comme on désirerait un animal de compagnie, une œuvre d’art. Mais c’est un peu comme ça qu’elle les voit. Des créatures sublimes, pures –
Elle veut la sienne.

Spoiler:

Et neuf mois plus tard, la mère de famille voit son rêve enfin devenir réalité ; comme un enfant souhaitant un chien à son anniversaire, voilà qu’elle a sa propre sirène, cachée de tous, enfant illégitime. Le père de la famille, lui, s’en moque pas mal – tant qu’elle ne vient pas ternir le nom de la famille.

Alors, elle ne quitte pas le manoir. Elle est une de ces nombreuses bizarreries collectées par sa mère. Des professeurs viennent lui faire la leçon, et ses frères et sœurs, ce n’est que de loin qu’elle les entraperçoit. Dans leurs regards, une haine, de l’inquiétude, peut-être : mais rien qui ne ressemble à son propre regard curieux, avide d’en apprendre plus sur sa fratrie.

Sélène est la poupée de Mère ; son enfant magnifique, aussi blanc que son père. Elle aime s’occuper de l’enfant, prendre soin de ses cheveux, sa peau. Sélène veux pourtant découvrir le monde, quitter ce manoir, où elle contenue, dans des bassins artificiels. Ses journées sont bercées par la lecture, son seul passe-temps.

La Haine monte déjà, cette colère : dans l’enfance, elle se rend déjà compte qu’elle n’est qu’un bien de plus ; que sa mère n’est qu’une de ces nobles souillant la culture des autres, s’appropriant des vies entières. Elle hait cette famille, ce manoir, ces servantes qui n’ont pas la force d’agir pour changer la situation.

Alors, Sélène apprend la manipulation. De fils en aiguilles, elle arrive à mettre en place un plan pour obtenir cette fameuse potion : parce qu’elle déteste cette queue, qui l’empêche de se déplacer. Qui la rend si spécial, aux yeux de sa génitrice. Elle l’abime, la griffe, veux s’en débarrasser.
A 14 ans, elle se débarrasse de sa queue, accepte ses nouvelles jambes – ayant bien compris qu’en faisant ainsi, elle rejette son héritage aquatique, son espèce : c’est douloureux, désagréable. Parce qu’elle sait qu’on lui a arracher cette vie sous-marine : qu’elle ne serait plus jamais une sirène, qu’elle ne connaîtrais jamais la vie sous l’eau.

Sa mère hurle, la gifle, mais le mal est fait.

Sélène en profite déjà pour fuguer, et au fils des semaines, des rumeurs commencent à naitre, au sujet d’un étrange enfant habitant dans le manoir, bien différent des descendants Saule-Heil. Son père adoptif n’a pas d’autre choix que d’annoncer sa venue dans la cour – comme une cousine éloignée, venant passer quelques temps au Port. Cachant ses attributs non-humains, par la même occasion.

Sa mère est dévastée, mais que faire de plus ? Elle s’enfonce de plus en plus dans la dépression, dans la démence. Le reste de la fratrie ne veux pas se lier à l’ancienne sirène, par haine, par peur, sans doute. Parce que ce n’est pas une sœur, à leurs yeux : juste une curiosité de leur mère. Ils la violente, parfois – de toute façon, qui pourrait la croire ? Elle n’a pas sa place ici, et elle le sait. Le seul membre de sa famille qui la traite comme un égal, c’est son cousin : mais ce dernier lui rappelle sa mère. Obsédé par Shun, par le clergé, le garçon l’effraie. Lui fait peur.

Alors, que bon noble qui se respecte, Sélène accepte cette simili-liberté, apprend à mentir. Sa haine est attisée, parce qu’elle part sans cesse découvrir le monde, rattraper toute ces années perdues. Rencontrer les gens du port, se lier, en dehors du manoir familial, aux humains. Jusqu’à bien comprendre que sa famille traine dans des affaires louches. Qu’en plus d’avoir exploiter son père biologique, ses parents ne se sont pas gênés pour exploiter leurs travailleurs, leurs servantes, leurs bonnes.
Mais c’est parmi cette petite population qu’elle noue ses vraies relations : son cœur se lie à celui d’une enfant des rues. Une voleuse, qui n’a jamais eu sa place nulle part. Elle s’aime d’un amour juvénile, pur, sans mensonges ; elles peuvent tout se dire, leurs âmes liées.

Et un jour, la jeune fille disparaît – Sélène est menacée par ses parents. Parce qu’en plus d’être une bâtarde, elle a des relations impures. Elle gâche la chance qu’ils lui donnent, pour une vulgaire enfant des rues.
Sélène est détruite : parce que c’est tout ce qui lui restait. Parce qu’elle l’élue de son cœur a disparue ; parce que sa famille ira toujours en travers de son bonheur, parce qu’elle n’est qu’une œuvre d’art abimée, un petit chien désobéissant.

Le lendemain, un événement dramatique fait la une des journaux : la demeure des Saule-Heil a brulée, emportant par les flammes le mari, la femme, et les enfants.


Les flammes ont fait renaître Sélène, qui découvre un attrait pour cet élément. Elle a fui le manoir, toute sa vie, la ville, pour errer. Vivre de vol, de violences, parfois, de meurtres. Changement radical, mais enfin, elle comprend ce que c’est, la liberté ; d’être elle-même, d’aller où elle veut. Son apparence et sa présentation change : elle sait depuis toujours qu’elle aime les femmes, mais apprend désormais qu’elle n’en est pas une – sans être un homme non plus.
Reniant sa noblesse, iel vit de petits larcins, de missions de chasseur de primes. Son cœur et son corps s’endurcissent, sa Haine, attisée de plus en plus. Mais que faire, à son échelle ?

C’est en rencontrant le Prisme, du haut de ses 17 ans, qu’iel trouve enfin le salut – après quelques années d’entrainement, Sélène intègre la bridage Blue, usant de sa discrétion et de son art du mensonge. Détruire cette nouvelle noblesse, c’est sa volonté principale – mais Sélène peine également a apprécier la religion, le clergé, lui rappelant bien trop son enfance, sa mère hautement religieuse. Son cousin, qu’elle n’a pas vu depuis des années.
Mais la vie continue : Sélène trouve une sorte de stabilité, de liberté qui le comble – même si son cœur est voilé par la Haine, par toute cette Rage dont iel ne se débarrassera sans doute jamais.