Histoire Les femmes sont des êtres inférieurs. Elles ne sont que des traitresses, elles compensent leur faiblesse innée en utilisant les autres.

C’était quelque chose que Soig pensait depuis sa plus tendre enfance, depuis le jour où il a regardé sa mère faire sa valise et quitter la maison. Même après toutes ces années, il se souvenait de son dos s’éloignant à travers la porte d’entrée sans lui jeter un dernier regard. Jamais il n’avait réussi à comprendre cet acte. Elle avait un mari et un fils, qu’est ce qu’une femme pouvait vouloir de plus? Pourquoi est-ce qu'elle les avait abandonnés? Parce que les femmes sont des idiotes et des pécheresses prêtes à se jeter sur le premier homme qui passe, c’est la réponse qu’il avait fini par trouver.

Son enfance passée avec son père n’avait pas été des plus joyeuses. Cet homme pathétique noyait le chagrin de sa rupture dans l’alcool. Tout ça pour une simple femme… Quand il rentrait alcoolisé, il passait sa haine et sa frustration en frappant son fils, avant de s’excuser en larmes. Soig n’avait aucun respect pour les hommes qui pleuraient comme des femmelettes, c’était un aveu de faiblesse, une preuve qu’il n’était pas capable d’assumer ses propres actes. Pitoyables. Pensait-il vraiment que son fils n’avait pas l’habitude de se prendre des coups alors qu’il l’avait fait grandir dans cette maudite ville? Que son père soit un marchand réputé ou pas, cela ne stoppait pas les autres enfants de s’en prendre à lui. Les nains ne courraient pas les rues d'Alberich à cette époque et que ça soit par racisme ou par simple envie de s’amuser, nombreux étaient ceux qui profitaient de le dominer par la taille pour le maltraiter. C’était cette enfance qui l’avait rendue fort, c’est grâce à cela qu’il s’était promis de devenir quelqu’un que personne ne pourra plus dominer. Il deviendrait un guerrier capable de gagner n’importe quel combat et quand ce serait fait, il donnerait cette force pour défendre les plus faibles.

Le jour de ses 14 ans, ce fut à son tour de passer la porte d’entrée de leur maison sans un regard en arrière. Avec rien d’autre que quelques golds et un rêve, il embarqua dans un périple jusqu’à Ayame, qui était loin d’être la cité que nous connaissons aujourd’hui. L’ordre des chevaliers n’était encore qu’une petite organisation locale quand il commença sa formation. Efforts et rigueur lui permirent de créer un style de combat qui compensait le désavantage de sa petite taille, en s’appuyant sur d’autres capacités telle que son ouïe. L’enfant qui se faisait malmener à Alberich avait terminé premier de sa promotion. Ses prouesses sur le champs de bataille et ses stratagèmes hors pairs lui permirent une ascension fulgurante. A même pas 30 ans, il était devenu le plus jeune chef de l'histoire de l’ordre des chevaliers.

Son nouveau rang lui permit de faire partie de la Sainte Trinité, où il siégeait en tant que représentant des races neutres. Lui qui n’était personne en arrivant à Ayame se retrouvait désormais à diriger la ville et ça faisait beaucoup de nouvelles responsabilités sur ses épaules. Cependant, Soig n’était pas quelqu’un qui fuyait devant les challenges, de la même manière qu’il apprenait à diriger une armée, il apprenait à diriger une ville et avait déjà la tête pleine d’idées. Se servant de son influence nouvellement gagnée, il entama une série de réformes. L’ordre des chevaliers passa d’une petite garde locale à une puissante organisation, recrutant de nouveaux membres attirés par le charisme de leur leader et la promesse de congés, tout juste instaurées. L’accès fut interdit aux femmes, qu’il jugeait incapable de protéger sa cité, bien qu’il ne puisse pas renvoyer les chevalières déjà présentes pour ne pas créer de scandales. Ayame était devenue la capitale du continent, accueillant toutes les races en ses murs avec équitée, où chacun pouvait se sentir en sécurité et profiter d’un mois de repos rémunéré. Cependant, l’ambition de Soig ne s’arrêta pas à sa cité. Trop de criminels fuyaient la ville une fois leurs méfaits commis, loin de l’autorité de ses chevaliers, se réfugiant dans d’autres villes où ils ne pouvaient pas intervenir et où leurs crimes resteraient impunis. C’est alors que le nain commença une nouvelle démarche, visant à unifier tout le continent sous un même système juridique. Il enchaîna voyages diplomatiques  après voyages diplomatiques, proposant à chaque nouvel endroit le même accord: laisser les chevaliers poursuivre les criminels jusqu’à l’intérieur de leurs murs en échange de leur protection en cas de conflit. Un siècle plus tard, Aenea toute entière était sous la juridiction de l’ordre des chevaliers.

Quand la guerre se déclara, Soig était le premier sur le champ de bataille, préférant mener ses troupes depuis la première ligne plutôt que de se terrer dans ses bureaux. En près de deux siècles au commandement des chevaliers, la paperasse et la diplomatie n’avait pas fait disparaître son amour du combat et une part de lui, malgré les horreurs, ne pouvait pas s’empêcher d’adorer cette période. Passer son temps à se battre, établir des stratégies, c’était ce qui le faisait vibrer et les fêtes à la fin de chaque bataille sous l’adulation du peuple n'étaient qu’un bonus plus que bienvenue. Durant les 5 années de conflit, jamais Ayame ne tomba dans le chaos et la ville devint un lieu de refuge où toutes les races pouvaient profiter d’un peu de sécurité. Respectant ses accords, Soig et ses chevaliers apportèrent leur soutien à chaque ville, limitant les dégâts matériels et les pertes humaines à l’intérieur des villes. Cela n’empêcha pas la guerre d’être dévastatrice, mais tous pu s’accorder sur le fait que sans l’aide de l’ordre, la destruction aurait été bien pire.

La guerre fit plus que jamais de Soig un héros et pourtant, c’est à partir de cette période que commença son déclin. Il accepta sans discuter la dissolution de la Sainte Trinité, quittant le palais pour le laisser au nouveau dirigeant. Il vit d’un bon oeil l’arrivée du roi au pouvoir, partageant ses idéaux d’unité entre les races et les villes. D’une certaine manière, sa Majesté était en train de terminer ce qu’il avait fait, réunissant tout le continent sous un même royaume dont sa ville était la capitale. Laisser la politique à quelqu’un ne lui posait pas tant de problème, cela lui laissait l’occasion de se concentrer à nouveau sur l’aspect militaire et Shun elle-même savait à quel point ses chevaliers avaient du travail. En appui au roi, Soig entama une nouvelle série de réformes, restructurant l’ordre,ordonnant la construction de bases à travers tout Aenea, ouvrant des orphelinats pour faire des orphelins de guerre de futurs soldats, afin de compenser leur sous-effectif. Et comment est ce que sa majesté le remercia? En lui demandant d’ouvrir l’ordre aux femmes et d’arrêter de discriminer les chevalières déjà présentes. Et puis quoi encore? Bien évidemment, Soig s’y opposa fermement.Personne n’avait le droit de lui dicter comment s’occuper de son ordre et personne n’avait le droit de le forcer à mettre fin au sexisme. Si Kaiser Lupus voulait un petit pion à utiliser, qu’il essaye donc de le remplacer! Personne ne pourrait occuper son poste aussi bien que lui.

Durant son règne, Soig avait instauré des duels, visant à régler les conflits en utilisant la loi du plus fort. Son dernier duel visait à décider qui serait le nouveau chef des chevaliers. Le nain ne pu s’empêcher de rire aux éclats en voyant arriver son adversaire. A quoi pensait le roi en lui envoyant un handicapé? Certes, il avait sû tirer un peu son épingle du lot, mais s’il suffisait de tuer un pauvre fou pour devenir un héros, c’était à la portée de tout le monde. Ils ne jouaient simplement pas dans la même catégorie, ça allait être le duel le plus simple de toute son existence! Pourtant, ce fut là sa première défaite. Peut être parce que son arrogance avait causé sa perte, peut être parce que le style unique de Noah Sion l’empêchait de prévoir ses mouvements, toujours était il qu’il n’eut pas d’autre choix qu’il n’eut pas d’autre choix que de respecter ses propres règles et lui laisser son poste. Soig quitta en même temps l’ordre, sa fierté l’empêchant de rester sous le commandement de cet homme, de n’être plus qu’un simple soldat parmi les autres. L’ascension d’Ayame, l'expansion de l’ordre, c’était l’oeuvre de sa vie, pendant deux siècles il y avait consacré tout son être et maintenant il était forcé de laisser tomber les deux. Qu’est ce qu’il lui restait? Rien d’autre que de la haine envers ceux qui lui ont pris le pouvoir. Que le roi se fasse destituer, que le chef des chevaliers mène l’ordre à sa perte, jamais ils ne pourraient les élever à la même gloire que lui, ils ne peuvent que récolter les fruits de son dur travail sans savoir comment arriver à de tels résultats.

Aujourd’hui, Soig n’a plus que les éclats d’une gloire passée à laquelle se raccrocher. Bien qu’il soit toujours vu par le peuple comme un héros, tout le monde le considère déjà comme appartenant à un autre temps. Lui qui a passé sa vie à se battre n’as pas eu beaucoup d’autre  option que de devenir un chasseur de monstres. Repoussant les bêtes qui menacent les cités, il utilise sa lame pour garder la paix sur le continent comme il l’a toujours fait.